Boney Fields
L'émission "blues" de radio RDL Colmar animée par Jean-Luc et David BAERST


 
Boney, dans un premier temps, comment pourrais-tu te présenter à nos auditeurs ?
Bonjour, mon nom est Dan « Boney » Fields. On m’appelle « The Bones » et je suis originaire de Chicago dans l’Illinois.

Peux-tu revenir sur ton enfance et, plus particulièrement, sur ton apprentissage de la musique ?
Mon adolescence « musicale » a débuté à l’âge de 9 ou 10 ans. J’étais dans une école primaire qui possédait un Big Band composé de jeunes écoliers. J’ai décidé d’intégrer cette formation en tant que batteur. Cependant, plusieurs de mes camarades étaient déjà des adeptes de la batterie et j’ai été contraint de me rabattre vers un instrument plus « méprisé ». Ainsi on m’a proposé de prendre une trompette. Je me suis passionné pour cet instrument. Je me suis conforté dans cette idée le jour où j’ai découvert Louis Armstrong qui passait dans une émission de télévision.

Mes yeux sont restés rivés à sa prestation durant laquelle il prouvait que le rôle du trompettiste n’était pas limité aux accompagnements mais qu’il pouvait aussi se retrouver sur le devant de la scène. Cela a, encore, davantage développé mon intérêt pour cet instrument.

Ta famille était-elle, alors, constituée de nombreux musiciens ?
Mon frère, mon père étaient des musiciens alors que ma mère chantait dans un quartette de Gospel.
Je baignais, constamment, dans cette ambiance…

A titre personnel, quand as-tu commencé à chanter. Etait-ce à l’église ?
J’ai chanté toute ma vie, tu sais… Depuis ma plus tendre enfance, j’ai suivi les traces de mes parents qui se produisaient au sein du groupe de Gospel The David’s Spiritual Five.
J’ai utilisé leurs connaissances tout en interprétant des chansons plus modernes. Mon apprentissage du chant ne remonte pas à hier, il est même antérieur à la pratique de la trompette. Ceci est aussi lié à l’église bien sûr …

Quelles étaient, alors, tes influences ?
J’ai découvert mes principales influences grâce aux médias que sont la télévision et la radio. C’est ainsi, comme je te le disais, que j’ai découvert Louis Armstrong qui a, immédiatement, frappé mon esprit.
J’ai, dès lors, écouté la musique de Louis Armstrong  tout en m’intéressant à d’autres formes de Jazz. Au fur et à mesure de l’avancement de ma carrière, j’ai commencé à me plonger dans la découverte du Blues et de la musique Funk. J’ai donc écouté des artistes tels que James Brown, Earth Wind & Fire, Tower Power etc…

Tous ces groupes provoquaient comme des étincelles dans ma tête. De ce fait, j’ai souhaité m’immerger dans le Funk…
C’est Luther Allison qui m’a amené à fréquenter la scène Blues. De fil en aiguille j’ai rencontré Jimmy Johnson et c’est là que tout a commencé, j‘étais prêt…

Etait-ce tes premiers contrats professionnels ?
Mes premiers pas en tant que musicien professionnel remontent, Mmm.. À très longtemps !
Je pense que c’était vers 1975-1976 … j’avais 17 ou 18 ans et je sortais tout juste du Lycée…

Quand et pourquoi as-tu décidé de venir vivre en France. A-t-il été facile de t’imposer ici ?
Non, ça n’a pas été si facile que ça, car je n’avais que très peu de connections ici. La première fois que je suis venu, c’était pour accompagner Luther Allison qui s’était installé ici. Il y avait aussi son fils, Bernard Allison, qui vivait en France…

J’avais toutes mes attaches à Chicago où j’avais effectué tout mon parcours jusqu’alors. C’était plus facile pour Luther qui avait son groupe et qui connaissait très bien l’Europe pour y avoir, déjà, effectué de nombreuses tournées. Il m’a donc fallu du temps avant que je me décide à franchir le cap, une dizaine d’années…

Je venais régulièrement et c’est vers 1997 ou 1998 que je me suis mis à y rester pour des séjours de plus en plus longs. C’est vers l’année 2000 que je me suis réellement décidé à déménager…

Après Luther Allison, quelles ont été tes premières collaborations en France ?
Après le décès de Luther (en août 1997, Nda) l’une de mes premières collaborations importantes a été mon travail aux côtés d’Alpha Blondy. Cela a duré 3 ou 4 ans …

Puis je me suis davantage intéressé à la scène Blues locale et j’ai rencontré Jean-Jacques Milteau, Benoit Blue Boy, Patrick Verbeke …
Tous ces gens qui représentaient le Blues français et qui avaient, aussi, aidé Luther Allison en son temps…

Ta carrière est riche de nombreuses collaborations. Quels sont les artistes qui t’ont le plus impressionné ?
J’ai collaboré avec Jean-Jacques Milteau sur l’un de mes albums. J’étais un peu nerveux et il a su trouver les mots pour me calmer et me mettre en confiance afin que je n’aille pas trop vite dans mon travail. Lorsqu’il est arrivé dans le studio tout est devenu « fun », c’était formidable…

Il est d’une telle gentillesse, je le considère vraiment comme un très bon ami.
Bill Deraime est, aussi, un bon ami…
Je ne pourrais pas vraiment dire qu’elle a été ma plus belle collaboration car j’ai pris beaucoup de plaisir à la plupart d’entre elles.

Pourquoi as-tu décidé de fonder ton propre groupe “Boney Fields and The Bone's Project” ?
C'est une chose très intéressante...
Aux débuts, c'est à dire juste après la mort de Luther Allison, je voulais fonder un groupe qui réunisse tous les musiciens de Luther. Comme ils me connaissaient tous très bien en tant qu'homologue, il n'était pas évident de gagner leur respect en tant que leader…

Au fil de mes voyages j'ai eu la chance de rencontrer d'autres musiciens très talentueux et, qui plus est, souvent très jeunes. Par exemple mon guitariste, Hervé Samb, n'avait qu'une quinzaine d'années lorsque je l'ai connu, il vivait encore au Sénégal où j'étais car j'y accompagnais Lucky Peterson lors d'une tournée africaine.
Il est arrivé à Paris alors que je “montais” le groupe, nous avons immédiatement décidé de collaborer ensemble. Il n'avait que 19 ans et était déjà un incroyable guitariste. Il a, naturellement, eu le job...

C'est la même chose pour le bassiste, Mike Armoogum, que j'ai également rencontré à la même époque. Le procédé était, un peu près, le même...
En ce qui concerne le tromboniste, le martiniquais Pierre “Chabs” Chabrele, nous avons régulièrement travaillé ensemble ces 25 dernières années. Mon épouse, Nadège Dumas (saxophone), est dans le groupe depuis les débuts. Elle m'a beaucoup aidé pour le créer et participe aussi beaucoup, musicalement parlant, à nos morceaux. Elle m'est d'une aide précieuse...

Aux claviers nous avons Jerry Leonide qui n'est pas un nouveau, car il lui est arrivé de se joindre occasionnellement au groupe ces six dernières années. Avant lui c'était Johan Dalgaard qui occupait ce poste. Ce dernier ne peut plus jouer avec nous car il accompagne, actuellement, Johnny Hallyday.
Notre batteur est Enrico Mattioli, il a rejoint le groupe à la même période que Jerry. Auparavant nous avions un musicien de Chicago, Pookie Sticks, qui était formidable et très dynamique. Malheureusement, il avait des problème de visa et n'a pas pu revenir à Paris. Nous avions, de ce fait, un sérieux problème...
Mike a donc contacté Enrico qui s'est, immédiatement, joint à nous et qui s'est, très rapidement, intégré au groupe. Tout cela est une grande histoire !

As-tu beaucoup de contacts avec d'autres artistes américains qui vivent en France ?
Quelques uns mais relativement peu...
Je connais Ron Smyth, Michael Robinson, Jackie Hawkins, Chelsea, Linda Hopkins, Jean Carole Carpenter, Sylvia Howard...
J'en oublie certainement...
Disons que sur le nombre de musiciens américains qui vivent en France je n'ai des contacts qu'avec une petite partie d'entre eux.

Pour toi est-ce un avantage, en tant que leader d'un groupe, d'avoir été un sessionman auparavant ?
Je pense que cela peut aider...
En tant qu'accompagnateur j'ai pu observer les habitudes des leaders. De ce fait je sais quelles sont les habitudes à avoir et les erreurs à ne pas reproduire. Je sais ce qui est bon et ce qui ne l'est pas...

J'ai eu l'occasion de tourner avec de très bons leaders mais également des mauvais...
Quand j'ai débuté avec mon groupe, je savais déjà quelles étaient les attitudes à aborder en tant que leader. Je pense, qu'actuellement, le meilleur leader est BB King. Il conserve le même groupe depuis plus de 15 ans. C'est un exemple que j'aimerais suivre...

Y'a-t-il une définition exacte qui correspondrait le mieux à ta musique ?
Funky-Blues... C'est du Funky-Blues réalisé avec beaucoup d'esprit et d'énergie !
Mais, tu sais, il y a beaucoup de sensibilité dans notre musique et certaines de nos chansons sont faites pour relaxer les gens...
It's funky (rires) !

Ton nouveau CD est un album live (“Live at Jazz à Vienne”). Le fait de sortir un enregistrement en public est-il une chose importante pour toi ?
Je crois qu'il est important pour tous les musiciens de sortir, un jour, un enregistrement public.
J'avais déjà trois albums, enregistrés en studio, à mon actif et j'ai saisi l'opportunité d'enregistrer un concert lors de mon passage au Festival “Jazz à Vienne” le 12 juillet 2008.

Le DVD qui accompagne le CD propose le concert filmé avec sept caméras...
Cela me rapportera, peut être, beaucoup d'argent (rires) !
Je suis content d'avoir eu la chance de faire ce disque. Je vais, maintenant, pouvoir être plus relax et me consacrer pleinement à mes prochains projets.

Tu es, régulièrement, complètement habillé en rouge sur scène. Cette couleur a-t-elle une signification particulière pour toi ?
Le rouge est surtout devenue une couleur particulière, pour moi, après le deuxième album...
Ce disque se nomme “Red Wolf”, il a pour caractéristique d’avoir un dessin de pochette qui représente des animaux. Parmi eux, il y a un loup trompettiste habillé en rouge. J'ai souhaité conserver cette image...

Ceci dit j'aime toutes les couleurs comme le bleu, le vert, le jaune, le violet, l'orange etc...
Mais le rouge est la couleur de base...

Te qualifies-tu comme un loup ?
Peut-être que, dans le passé, j'étais un loup (rires) !

Quels sont tes espoirs pour le futur ?
Mon principal espoir serait de permettre à mon groupe de devenir international et de voyager dans un maximum de pays afin de pouvoir faire notre musique dans des endroits que nous ne connaissons pas encore. Le fait de pouvoir exercer ce métier dans le monde entier est une chose très importante à mes yeux.

As-tu déjà eu l'occasion de te produire aux USA avec ton propre groupe ?
Non...jamais...
A titre personnel j'ai, bien sûr, fait des concerts aux USA. C'étaient avec des artistes tels que Billy Branch, Kenny Neal ou Lucky Peterson. Malheureusement, je n'ai pas encore eu l'occasion d'y emmener ma propre formation.
J'espère avoir, bientôt, cette surprise (rires)...

Souhaites-tu ajouter une conclusion ?
Merci beaucoup pour cette interview !
J'espère que tu en es content et que tu as passé, comme moi, un bon moment.

Remerciements : Maxime Nordez et Nadège Dumas.

www.boneyfields.com
www.myspace.com/boneyfieldsthebonesproject

 

 
Interviews:
Les photos
Les vidéos
Les reportages
 

Les liens :

boneyfields.com
myspace.com/boneyfieldsthebonesproject

Propos recueillis au
Jazz Club Etoile, Paris

par David BAERST

 

 

Le
Blog
de
David
BAERST
radio RDL